Histoire des châteaux de Saint-Rémy & Clairefontaine
Le château de Saint-Rémy...
Saint-Rémy et son château étaient fiefs du comté de Bourgogne, tenus en 1294 par le sire de Faucogney. Toutefois, dès le début du XIVè siècle, Saint-Rémy ne figure plus parmi les possessions des Faucogney.
En 1117, la seigneurie de Saint-Rémy et d'Anchenoncourt appartenait à Philippe d'Achey qu'on retrouve en 1134 et 1150.
En 1490, on voit comme seigneur Jean de Ville. David (R.B. 405) dit que Ferdinand le Catholique, dont il était chambellan, lui donna la terre de Saint-Rémy en 1502.
Son fils André lui succéda et, en 1533, Charles-Quint érigea en sa faveur la terre en baronnie avec autorisation d'élever un gibet à 4 pilliers. André eut comme fils Jean, mari de Nicole de Savigny, qui mourut vers 1547 et laissa la baronnie à son fils André.
A la mort de Jean de Ville vers 1547, sa veuve Nicole de Savigny continua à porter le titre de dame de Saint-Rémy et c'est sous ce nom qu'elle épousa Claude la Baume, archevèque de Besançon et abbé de Cherlieu. Ce mariage dut déclaré nul en Cour de Rome mais, écrivait le cardnial Granvelle à son confident Morillon, "La Dame de Saint-Rémy est réellement la femme de Claude, autant légitimement que votre mère était celle de votre père". Nicole de Savigny se retira à la Cour de France et y devint la maîtresse de Henri II. Elle en eut un fils, Henri, époux de Chrétienne de Luz, fille de Jacques de Luz. Henri prit le titre de Monsieur de Saint-Rémy. Il le transmit à ses descendants dont la dernière disparut en 1918. Descendante en ligne directe, Jeanne de Saint-Rémy, comtesse de la Motte-Valois, fut l'instigatrice de l'affaire du collier (1784-1786) : elle mourut à Londres en 1791, après avoir publié des mémoires scandaleux et outrageants pour la reine Marie-Antoinette.
L'ancien château féodal fut démoli vers 1770. A proximité, Jeanne Octavie de Vaudrey, marquise de Rosen, fit construire le château actuel en 1760 et se servit des pierres de l'ancien pour construire deux bâtiments parallèles destinés à loger les détachements des régiments appartenant au comté de Rosen. Charles Louis Victor de Broglie, maréchal de camp, chef d'étrat-major de l'armée du Rhin, refusa de reconnaître le décret du 10 août 1792.
Suspendu de ses fonctions, il se retira au château de Saint-Rémy où il fut arrêté avec sa femme Sophie Rose de Rosen et mourut à Paris sur l'échafaud le 27 juin 1794. Un an après, sa veuve épousa Marc René de Voyer, marquis d'Argenson, et obtint la levée du séquestre mis à tort sur ses biens. Mais elle ne revint pas à Saint-Rémy et laissa le château et le domaine à l'abandon. Ils furent acquis en 1823 par le P. Chaminade, fondateur de la Congrégation des Frères de Marie ou Marianistes, qui y installa une école normale pour former des instituteurs. Elle fut transformée en école d'agriculture à laquelle s'adjoignit une ferme-école en 1851, puis devint, en 1877, Ecole Pratique d'Agriculture.
En 1828, les Marianistes y avaient aussi fondé une école secondaire libre. Les deux établissements connurent la prospérité et étaient renommés pour les deux branches d'enseignement qu'ils dispensaient. Ils furent fermés en 1903, en vertu des lois sur les congrégations. Depuis 1937, un hôpital psychiatrique leur a succédé.
Extrait "Dictionnaire des Communes"
Le château de Clairefontaine...
Clairefontaine cistercien
En 1124, Guy de Jonvelle fait un don à l’église Saint-Etienne de Dijon. Il établit la donation du Prieuré de Cherlieu. Il voulut alors avoir une fondation dans sa propre châtellerie.
C’est à Morimond, plus proche de Jonvelle, qu’il se serait rendu en mai 1131. L’abbé VAUTHIER aurait acquiescé à sa demande et serait venu lui-même choisir l’emplacement du futur monastère.
La description du lieu est peu engageante : « Entre Polaincourt et Chazel s’étend un petit vallon d’un assez triste aspect. C’était en ce moment un marécage gisant sous d’épaisses forêts. Les rayons du soleil ne l’échauffaient pour ainsi dire jamais et on y voyait, à travers les fourrés, une eau verdâtre, souvent boueuse, qui allait se perdre dans l’Amance, petite rivière qu’on appelle aujourd’hui La Superbe. Les voyageurs souffraient en traversant cette gorge obscure où régnait un silence de tombeaux…Au centre du vallon, une excavation creusée par un ruisseau présente une sorte d’anse abritée contre les vents. »
VAUTHIER aurait planté là son bourdon et déclaré : « Ici, nous élèverons l’abbaye de Clairefontaine. »
Les travaux nécessaires à la réception des cénobites furent achevés au printemps 1132 et 13 religieux, sous la direction du moine LAMBERT, vinrent occuper les lieux.
En 1145, il partit pour CITEAUX faire mettre Clairefontaine et ses dépendances sous la sauvegarde de Saint-Pierre et Paul par sa Sainteté Eugène III, ancien religieux de Clairvaux. Une bulle, datée de Vitorbe, place Clairefontaine et ses biens sous le patronage du pape.
L’abbé LAMBERT quitte Clairefontaine en 1154 pour prendre la direction de Morimond où il avait été religieux. Il faisait une abbaye prospère et en pleine expansion. L’année suivante, en 1155, il monte sur le siège de Citeaux dont il devient le septième abbé.
Il ne reste que peu de choses (quelques piliers et deux arches incluses dans la façade nord du Château) de l’abbaye du XIIème siècle. L’église ne fut pourtant détruite qu’après la révolution. Elle tenait, dit l’Abbé BRULTEY, le premier rang dans la province après celle de Luxeuil, Cherlieu et Faverney. Sa longueur était de 220 pieds, sa largeur de 80 et sa hauteur de 20 mètres. Du cloître initial, il ne reste que l’ancienne entrée, donnant actuellement sur le parc et ayant quatre mètres de large environ.
Les guerres, les épidémies et en particulier la peste, vidèrent plusieurs fois la couvent de ses religieux et le ruinèrent. Notons parmi d’autres catastrophes :
- au moment de la dispute des deux Papes, sous LAMBERT, alors Abbé de Citeaux, incendie de Clairefontaine et sans doute, meurtre de l’Abbé,
- en 1427, passage des écorcheurs puis de la peste,
- en 1479, Etienne II LEQUIN étant Abbé, les religieux sont ruinés et réduits à la mendicité,
- Clairefontaine incendié en 1569 par les soldats de WOLFGANG Duc des Deux Ponts,
- en 1595, le monastère est pillé par TEMBLECOURT,
- en 1636, il est réincendié par Bernard de SAXE WEIMAR. Dans ce dernier désastre, l’abbaye ne se relève pas et elle ne compte plus qu’un seul religieux,
- en 1648, le Roi d’Espagne donna l’abbaye en commande à Laurent JEAN BRUN, ce nouvel Abbé et ses successeurs s’efforcèrent surtout de récupérer les revenus du monastère sans donner aux moines vivant sur place de quoi le rebâtir. Tous les bâtiments sont en ruines en 1688,
- en 1711 enfin, l’Abbé fournit des fonds : 5 300 livres pour reconstruire le palais abbatial. Ce dernier fut construit dans le courant du XVIIIème siècle.
Le 13 février 1790, une note des représentants du peuple supprima les ordres monastiques. Les propriétés furent vendues au bénéfice de l’État. .
Clairefontaine industriel
Si les biens de l’abbaye commencent à être dispersés dès 1791, les bâtiments et les propriétés avoisinantes furent achetés en 1793 par cinq acquéreurs de la région apparentés entre eux. Il s’agit des frères ESTIENNE, REVILLOUT et de Joseph JACQUOT.
L’un des frères ESTIENNE, Jean-François, était à la fois marchant de bois à Selles et propriétaire d’une entreprise de cabotage sur le Côney et la Saône, ce qui explique l’ancre de marine souvent retrouvée comme marque sur les faïences de Clairefontaine.
Jusqu’en 1803 l’activité industrielle était celle du bois, et ensuite les bâtiments furent convertis en faïencerie.
En 1842, cette dernière compte 25 ouvriers.
En 1856, Clairefontaine acquit le brevet d’invention des émaux ombrants, fabriqués entre autres matières du sable de Bellevue et de l’argile jaune de Senoncourt.
De 1860 à 1932, l’ancre de marine marque toutes les productions de Clairefontaine.
Après 1890, la fabrique compte 250 personnes et elle est desservie par la ligne de chemin de fer Port d'Atelier-Vauvillers.
La guerre de 1914-1918 gèna l’approvisionnement en matière première puis la crise de 1929-1930 fut fatale à l’usine et la marque disparut du marché en 1932.
Clairefontaine hospitalier
En 1940, l'hôpital de Clairefontaine héberge 125 malades mentaux hommes, le château et les bâtiments de la cour d’honneur étant utilisés comme lieux d'hébergement, les autres constructions servant de caves, cuisines, annexes. En 1962, 370 patients issus d'hôpitaux de la région parisienne sont traités à Clairefontaine.
Sur le plan architectural, il n’y avait guère eu d’évolution entre la fin de la faïencerie et la création de l’hôpital. Dans les années 1970, la Société Hospitalière gestionnaire de l'hôpital, puis l'Association Hospitalière de Franche-Comté à partir de 1995, ont entrepris des travaux d'adaptation importants de ce site hospitalier.